DIMANCHE 25 AOUT 2024 / 21^ème DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE / B

Frères et sœurs dans le Christ, bonjour !

Nous avons suivi, ces dernières semaines, Jésus se présenter à nous comme le pain de vie. Ce discours de Jésus, l’un des plus difficiles à suivre, comme peut en témoigner le scandale qu’il a occasionné dans le camp de ceux qui le suivaient, s’achève par une interrogation de Jésus : « Voulez-vous partir vous aussi ? ». Cette interrogation renvoie quelque peu à la demande de Josué dans la première lecture : « S’il ne vous plaît pas de servir le Seigneur, choisissez aujourd’hui qui vous voulez servir : les dieux que vos pères servaient au-delà de l’Euphrate ou les dieux des Amorites dont vous habitez le pays ? » Ces interrogations peuvent résonner dans nos cœurs d’une note nouvelle par ces temps nouveaux. Pour nous aussi, elles doivent provoquer un choix radical.

Dans la première lecture, face à l’infidélité notoire du peuple, et après avoir rappelé quelles gestes le Seigneur a accomplies pour lui depuis Abraham jusqu’aux jours qui sont les siens, Josué met le peuple devant ses responsabilités. En effet, plutôt que de rester fidèles au Dieu de leurs Pères, les fils d’Israël ont abandonné la justice pour se tourner vers les idoles. Ils ont préféré le Dieu des Amorites au Dieu Saint d’Israël qui a pourtant fait des exploits et des prodiges, comme on peut le lire dans les versets omis de ce chapitre 24 du livre de Josué. Serait-ce que tant de merveilles de la part du Seigneur auraient eu si peu d’impact dans la vie du peuple pour qu’il parvienne aussi facilement à se faire happer par les dieux étrangers ? Qu’a-t-il fait de ce que leur ont raconté leurs pères : « Nos pères nous ont raconté les œuvres que tu as accomplies de leur temps, aux jours d’autrefois » ! Qu’a-t-il fait de l’héritage que leurs pères lui ont laissé ? Et voilà Josué qui leur pose la question : Qui voulez-vous servir ? Voulez-vous continuer dans l’infidélité à la fidélité au Dieu de vos Pères ?

Dans l’évangile, face à la division et à la désertion que provoque le discours de Jésus, Jésus posera aux Douze : « Voulez-vous partir vous aussi ? ». L’heure du choix a sonné. Comme pour les enfants d’Israël, dans la première lecture, qui avaient à choisir entre servir Dieu ou mourir, les accompagnateurs de Jésus sont au pied du mur : Faut-il continuer d’écouter ces paroles dures à entendre ou faut-il partir ? N’oublions pas que les dimanches derniers, Jésus avait rencontré des résistances de la part de ses auditeurs. Ces résistances parviennent pour certains à leur paroxysme dans notre texte de ce jour : « nous ne pouvons plus continuer de le suivre »… Mais comme presque toujours, Jésus s’adresse en particulier aux Douze, ceux que le Père lui a donnés : « Voulez-vous partir vous aussi ? » On entendrait cette interrogation de Jésus en ces termes : Mes paroles vous scandalisent aussi ? Les entendez-vous avec la chair ou avec l’esprit qui fait vivre ?

Frères et sœurs dans le Christ, ces deux questions dans les textes de ce jour, nous renvoient à des situations particulièrement préoccupantes pour nos communautés. D’une part, elles s’adressent à tous ceux qui, par snobisme ou pour d’autres raisons banalisent la pratique de la foi. Elles s’adressent à nos frères et sœurs qui, pour trouver Dieu, ont abandonné leur foi chrétienne catholique pour se donner aux gourous et pasteurs dont la bonne foi reste à prouver ! Elles s’adressent aussi à ceux-là, qui de plus en plus, à la recherche du gain facile, ont donné leur âme à des pratiques de charlatanisme ! Elles s’adressent à ces cadres qui, pour des besoins d’appartenance et d’accomplissement se laissent enrôler dans les sectes exotériques ! Elles s’adressent à ceux-là, de plus en plus nombreux qui, de manière insidieuse, se laissent aller à la passivité dans leur relation avec Dieu. Comme pour les fils d’Israël, il faudra faire le choix ! Plaise à Dieu que comme les autres, encore plus nombreux, ils puissent arriver à déclarer : « Moi et les miens, nous voulons servir le Seigneur ».

D’autre part, ces questions s’adressent à toute l’Eglise, en ces temps où des scandales en son sein, sont mis sous les faisceaux. Elles peuvent s’adresser à toute l’Eglise quand elle semble trop silencieuse face à certaines injustices ! Elles s’adressent particulièrement à nous tous qui sommes tentés de réduire le Corps du Christ à ces dérapages et scandales, à nous qui sommes tentés de claquer la porte et d’aller chercher mieux ailleurs. A nous, comme toujours, Jésus demande : « Voulez-vous partir vous aussi ? » Mais où pourrions-nous aller ? Croire que l’Esprit est à l’œuvre dans son Eglise et que la victoire de Jésus sur le mal est déjà la victoire de son Eglise et donc des membres de l’Eglise, voilà ce qui peut nous donner la force de nous tenir auprès de celui qui a les paroles de vie éternelle.

Père Sylvain YAI, Granville.