DIMANCHE 09 JUIN 2024 / 10ème
DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE / B
Frères et sœurs dans le
Christ, bonjour !
En ce dimanche, la
portion du livre de la Genèse que nous avons écoutée en première lecture nous
fait le récit de la déchéance de l’homme. Après avoir mangé du fruit de
l’arbre, méprisant ainsi l’ordonnance du Seigneur, l’homme s’est vu affublé de
malédiction de la part du Seigneur. Il est vrai que la péricope que nous avons écoutée
s’en est tenue aux mots très durs que Dieu a prononcés à l’encontre du serpent.
Ce qui peut nous intéresser dans le dialogue entre Dieu et l’homme est l’aveu
de la nudité de l’homme après qu’il eut mangé du fruit de l’arbre.
Rappelons-nous que si l’homme et sa femme ont outrepassé l’interdiction de Dieu
cela est dû au désir de devenir « comme des dieux », selon les mots
de Satan : « mais Dieu sait que, le jour où vous en mangerez, vos
yeux s’ouvriront, et vous serez comme des dieux, connaissant le bien et le
mal » (Gn 3,5). La vraie tentation en est là et la femme comprit que le
fruit devait être savoureux, qu’il était agréable à regarder… Voilà comme
d’amis de Dieu qu’ils étaient, nos premiers parents, en désobéissant à
l’injonction de Dieu, se sont vus en disgrâce avec lui. Se rendre compte qu’ils
étaient nus, comme nous pouvons le lire dans le texte de ce jour, a été un
résultat décevant pour eux-mêmes. Deux indices nous en donnent la confirmation.
Le premier est qu’ils ont
éprouvé de la honte devant Dieu. Ayant abandonné eux-mêmes le manteau de la
dignité dont Dieu couvrait leur faiblesse, le sentiment de confusion qui s’en
est suivi consacre la preuve qu’ils ont réalisé qu’ils venaient de faire une
grosse bêtise. Désormais en effet, il ne leur est plus possible de se regarder
l’un et l’autre sans éprouver cette honte, sans se cacher à eux-mêmes. De même,
il ne leur est plus possible de voir Dieu sans se couvrir, sans se cacher,
parce que le voile de confiance a été levé et déchiré. C’est ainsi qu’il en est
de l’homme chaque fois qu’il choisit justement de vouloir devenir comme des
dieux, c’est-à-dire de s’émanciper de la tutelle de Dieu. Il finit toujours pas
se rendre compte de sa nudité et de sa faiblesse, de son incapacité. Ce danger
guette notre société contemporaine. Le désir de l’homme d’établir un nouvel
ordre mondial dans lequel Dieu est mis entre parenthèses, dans lequel Dieu
devient une réalité relative et discutable, en est un signe. L’homme tellement
conscience de sa super puissance ne se donne plus de limite quant à ses
envolées tout aussi audacieuses que suicidaires.
Le second indice que le
texte nous donne de la déception et du remord du couple originel après avoir
mangé le fruit de l’arbre nous vient des propos de la femme : « Le
serpent m’a trompé et j’ai mangé ». Après avoir offensé Dieu en écoutant
les paroles du démon, elle se rend enfin compte qu’elle a été l’objet d’une
ruse qui lui a valu la déchéance. Une grosse naïveté de sa part que de croire
aux paroles du démon. Reconnaissons que ce dernier excelle en art de tromperie,
sachant manier et manipuler les mots, sachant faire miroiter des illusions. Et
voici comme il s’y prend : le serpent
entame la conversation : « Alors, comme cela, Dieu a dit de ne pas manger de
tous les arbres du jardin ? » La femme est bien honnête, elle rectifie le
propos : « Nous mangeons les fruits des arbres du jardin. Mais, pour le fruit
de l’arbre qui est au milieu du jardin, Dieu a dit : “Vous n’en mangerez pas,
vous n’y toucherez pas, sinon vous mourrez.” » Elle est bien honnête, oui, et
elle croit rectifier le propos, mais, sans le savoir, elle déforme déjà la
vérité : le seul fait d’être entrée en conversation avec le serpent a déjà
faussé son regard : on pourrait dire désormais que « l’arbre lui cache la
forêt ». Maintenant, c’est l’arbre interdit qu’elle voit au milieu du jardin
(et non l’arbre de vie)[1].
Frères et sœurs en
Christ, en finissant cette méditation, je voudrais nous mettre la puce à
l’oreille. Le démon ne rengaine pas. Il affûte, au contraire son arme, pour
mieux agir par la ruse et la rage. Il continue d’inventer de nouvelles
stratégies pour nous vendre la mort avec des mots mirobolants. Sachons être
vigilants pour ne pas tomber dans son piège ; car toutes ses victimes
finissent toujours par se mordre le doigt. Alors cave ne cadas.
Père Sylvain YAI, Somè
[1] Cf. le
commentaire proposé par Marie-Noëlle THABUT pour les textes de ce 10ème
dimanche du temps ordinaire / B.
Merci beaucoup Abbé pour le message. Excellente journée.
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