JEUDI 28 MARS 2024 / MESSE IN CENA
DOMINI
Ex 12,1-8.11-14 ; 1
Co 11,23-26 ; Jn 13,1-15
“ C’est un décret perpétuel: d’âge
en âge vous la fêterez »
Frères et sœurs en
Christ, bonsoir !
La célébration de ce soir
que nous vivrons en Eglise est voulue pour que nous fassions mémoire l’institution de l’Eucharistie.
L’Eucharistie, le mystère que le Seigneur a voulu pour perpétuer sa présence au
milieu de nous d’âge en âge, est le mystère qui nous fait vivre et célébrer
l’événement non sanglant du sacrifice sanglant de notre Seigneur Jésus
Christ. Elle est voulue comme le repas, le dernier, que le Seigneur a voulu
partager avec nous avant de passer de ce monde à son Père. L’Eucharistie est
donc un repas et chaque fois que nous
nous rassemblons pour la célébration, c’est effectivement un repas que nous
mangeons. Avec vous, en cette messe in cena Domini, je voudrais découvrir
quelques caractéristiques de ce repas qui en font un repas si significatif.
Il est un repas de
Pâques. Pâque, dans la culture des juifs, est l’événement du passage de
l’esclavage à la liberté. La première lecture de ce soir nous décrit les
contextes et les contextes de ce repas : « Vous mangerez ainsi :
la ceinture aux reins, les sandales aux pieds, le bâtons à la main. Vous
mangerez en toute hâte : c’est la Pâque du Seigneur ». Ces détails
sur les conditions de ce repas nous amènent à comprendre qu’il s’agit d’un
repas pour des personnes en route, un repas pour la route, route pour la
traversée qui les mènera de la condition d’esclaves en Egypte à la Terre. En
termes plus larges, c’est le repas de la libération. Et pour nous qui sommes
chrétiens, et qui comme eux, allons prendre ce repas, savons-nous que nous
prenons le repas qui nous libère de la vie d’esclavage à la vie d’enfants de
Dieu, libérés par la grâce, non plus du sang d’un agneau, mais par celui de
l’Agneau de Dieu qui s’immole pour notre libération. Le repas de l’Eucharistie
a la vertu de donner à tous ceux qui la mangent la grâce de la libération des
dominations des esprits de ce monde, de la main de l’ange exterminateur. Chaque
fois que nous prenons ce repas, notre âme est comme la maison des juifs dont
les linteaux sont marqués par le Sang de l’Agneau. Et comme pour elles,
« le sang sera pour vous un signe, sur les maisons où vous serez. Je
verrai le sang et je passerai : vous ne serez pas atteints par le
fléau… ». Voilà la grâce qu’accorde à nos vies le repas pascal. C’est là
que nous recevons la force dont nous avons besoin pour continuer notre route à
la suite du Christ. C’est Jésus qui se donne en nourriture. Il veut faire de
nous ses amis intimes. Il se donne à nous pour nous communiquer sa vie et son
amour.
Il est un repas de
victoire de la vie sur la mort. Pâque comme passage, c’est aussi le passage de
la mort à la vie. D’abord la victoire de Jésus sur la mort, car au repas de la
dernière cène, Jésus en anticipant son sacrifice de la croix de manière non
sanglante, anticipe par le même fait sa victoire sur la mort. Ce repas
détermine une nouvelle alliance entre Dieu et nous, une alliance qui n’est plus
conclue sur la base du sang d’un animal, mais sur la base du Sang
victorieux de Jésus qui anéantit pour toujours la puissance du mal et de la
mort. Avec Jésus, nous tous qui prenons part à ce repas, nous participons de sa
victoire sur la mort, car « chaque fois que vous mangez ce pain et que
vous buvez cette coupe, vous proclamez la mort du Seigneur ». Nous le
croyons davantage quand nous nous souvenons que Jésus l’avait annoncé lui-même
dans son enseignement sur le pain de vie : « c’est ici le pain qui
descend du ciel, afin que celui qui en mange ne meure point. Je suis le pain
vivant qui est descendu du ciel. Si quelqu’un magne de ce pain, il vivra
éternellement…. Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie
éternelle ; et je le ressusciterai au dernier jour… » (Jn 6,50.54)
Frères et sœurs, c’est donc le repas de la vie que nous prenons en participant
à chaque eucharistie. Et si nos cœurs brûlent si tant du désir de communier à
ce repas, c’est parce qu’il est destiné pour donner vie éternelle.
Il est un repas de
communion. L’autre nom que nous donnons à ce repas auquel nous assistons ce
soir et qui a été inauguré par le Christ à la dernière cène, est communion. Il
est d’ailleurs très courant de nos langages, de dire que nous allons prendre la
communion. Au-delà d’une simple appellation, le mot communion que nous donnons
au repas eucharistique, traduit, non seulement, la disposition dans laquelle
nous devons être pour aller partager le repas du Seigneur, mais aussi la
disposition de nos cœurs qui doit en résulter. Percevoir le repas du Seigneur
comme communion, c’est le prendre comme le repas auquel tous nous sommes
appelés à prendre. Et c’est cette disposition de cœur qui ouvre le banquet à
tous qui est à privilégier dans nos communautés. Nous faisons communion quand
nous allons au repas du Seigneur en nous sachant frères et sœurs, en
considérant comme tels et en vivant comme tel. Cela doit provoquer notre soif de
participer à la messe qui est le sacrement par excellence de la communion.
Malheureusement, cette dimension communionelle de la messe est de plus en plus
évacuée de nos habitudes. Pensons à la facilité avec laquelle on se dispense de
la messe parce qu’on a un repas de famille ou pour toute autre raison. Cela
montre bien que beaucoup n’ont pas vraiment compris l’importance de
l’Eucharistie. Le Pain partagé est le symbole de la vie offerte par Jésus.
“Ceci est mon Corps livré pour vous”. Dans cette expression, nous sommes tous
inclus. Cette coupe est celle de “mon sang, le sang de l’alliance nouvelle et
éternelle qui sera versé pour vous et pour la multitude en rémission des
péchés. En participant à l’Eucharistie les dimanches et les jours d’obligation,
nous témoignons de notre communion avec nos frères et sœurs et nous faisons
vraiment communion avec eux.
L’eucharistie comme repas
de communion interpelle aussi la qualité de notre vie après l’eucharistie.
L’autre nom que nous pouvons donner à la communion, c’est la charité. Cette vie
de communion qui résulte de la communion liturgique doit déborder dans nos vies
pour devenir charité envers nos frères et sœurs. C’est ce que signifie
fondamentalement l’exemple du lavement des pieds que Jésus donne aujourd’hui à
ses disciples. Nos communautés doivent découvrir la dimension service
qu’appelle leur communion au repas du Seigneur. Cela passera par notre manière
de considérer le frère comme celui dont nous devons être serviteur pour mieux
ressembler à notre Maître qui s’est voulu serviteur et esclave : « je
ne suis pas venu pour être servi, mais pour servir et donner ma vie en rançon
pour la multitude ». Saint Paul monnaie cet état de chose pour nous dans
sa lettre aux Romains : « Que votre amour soit sans hypocrisie. Fuyez
le mal avec horreur, attachez-vous au bien. Soyez unis les uns aux autres par
l’affection fraternelle, rivalisez de respect les uns pour les autres. Ne
ralentissez pas votre élan, restez dans la ferveur de l’Esprit, servez le
Seigneur, ayez la joie de l’espérance, tenez bon dans l’épreuve, soyez assidus
à la prière. Partagez avec les fidèles qui sont dans le besoin, pratiquez
l’hospitalité avec empressement. Bénissez ceux qui vous persécutent ;
souhaitez-leur du bien, et non pas du mal. Soyez joyeux avec ceux qui sont dans
la joie, pleurez avec ceux qui pleurent. Soyez bien d’accord les uns avec les autres ;
n’ayez pas le goût des grandeurs, mais laissez-vous attirer par ce qui est
humble. Ne vous fiez pas à votre propre jugement. Ne rendez à personne le mal
pour le mal, appliquez-vous à bien agir aux yeux de tous les hommes. Autant que
possible, pour ce qui dépend de vous, vivez en paix avec tous les hommes »
C’est ainsi, frères et
sœurs que notre communion au même repas fera de nous des hommes et des femmes
qui ont un cœur et qui traduisent dans leur vie la vie de leur maître et
Seigneur.
Prions pour que notre
participation quotidienne au repas eucharistique produise en nous tant de
fruits de grâce, pour la plus grande gloire de Dieu et pour le salut de nos
âmes.
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Merci infiniment à tous